13 Sep JILL COUSIN
EDIT : Depuis cette interview, Jill a ouvert Provisions, une librairie-épicerie à Marseille avec son associée et complice Saskia Poretta.
C’est en cuisinant, puis autour d’un bon repas que Jill Cousin, journaliste spécialisée dans l’alimentation et le développement durable, se sent le plus à l’aise pour parler de sa bibliothèque. Nous aurions pu le deviner, nous qui l’avons notamment découverte grâce à son livre de cuisine, devenu un indispensable : Le bon sens cuisinier (paru chez First en 2020).
La bibliothèque et les lectures – La bibliothèque de Jill c’est quelques étagères bien chargées, dans le salon, en attendant que les nombreuses caisses de vin stockées ici trouvent une place ailleurs.
Au premier plan, les livres de cuisine. Ils sont nombreux et Jill a pourtant déjà fait un tri. « J’ai appliqué une règle stricte : un seul livre de cuisine par pays étranger. »
Jill a également une méthode de lecture pour ces livres-là (ndlr : en effet, qui sait comment lire un livre de cuisine ?). « Je fais d’abord une première lecture très visuelle où je ne lis que les intitulés. Puis, deuxième étape, je mets des post-it sur les recettes que je veux faire et j’y reviens au fur et à mesure. » Nous tenons le secret : on ne lit jamais un livre de cuisine de A à Z. Jill confesse une exception : « Kaukasis de Olia Hercules, un livre sur la cuisine ukrainienne, une cuisine méconnue et pourtant tellement tendance, à base d’herbes et de produits lacto-fermentés. » Celui-là elle l’a lu du début à la fin. « C’est exactement ce que j’aime : un livre qui à travers la cuisine en dit beaucoup sur un peuple et sa culture. »
Autre astuce : les livres de cuisine préférés sont évidemment les plus tâchés ! Parmi eux, un incontournable : Plenty More de Ottolenghi.
Retour à la bibliothèque. Au deuxième rang, se cache la littérature, principalement celle étudiée en classe préparatoire. Les romans plus contemporains, dont elle est pourtant une grande lectrice, restent très peu ici. « Je ne relis jamais deux fois un même livre alors une fois ma lecture finie, je donne ou je prête. » Mais les dernières découvertes, elle les a bien en tête : l’œuvre de Leonora Miano, celle de Goliarda Sapienza ou encore Marie Darrieussecq. « J’ai une manie : lorsque j’aime un roman, je lis toute l’œuvre de son auteur. » Alors pas question de lire un peu chaque soir, elle aime lire pendant de longues heures et privilégie les vacances ou ses nombreux trajets en train.
Cuisine, littérature et politique – Jill aime faire de grands diners, cuisiner pour beaucoup de monde. Elle aime partager et transmettre. « Ce sont deux choses que l’on retrouve en cuisine comme en littérature » constate-t-elle. Deux choses qu’elle a appris chez elle, enfant, où l’on aimait cuisiner, aller au marché mais également beaucoup lire. A travers son exploration des cuisines du monde, Jill fait un autre constat : « L’alimentation est toujours politique. Sans équilibre alimentaire, pas de paix possible. Aujourd’hui on voit cela sur la question de la transition écologique : c’est profondément politique. Tout comme la question de la place des femmes dans l’agriculture française. » De nombreux livres traduisent ce propos et Jill peut de tête en citer quelques-uns qui sont devenus pour elle des références : 961 heures à Beyrouth (et 321 plats qui les accompagnent) de Ryoko Sekiguchi (POL, 2021). « L’auteure a passé un moment au Liban, et avec une écriture très sensorielle, où elle décrit beaucoup ce qu’elle mange elle saisit aussi l’atmosphère du pays. » Egalement, les Chroniques culinaires de Jérusalem de Claire Bastié (Menu Fretin, 2016). On y lit ici aussi à travers la cuisine toute l’histoire politique d’un peuple.
Quelques recommandations de lecture :
Printemps silencieux de Rachel Carson (Wildproject)
Cosmos et tomate, carnet de retour à la terre (Elytis)
Pour une désobéissance créative de Vandana Shiva (Actes Sud)
Les bonnes adresses de Jill :
Les librairies Actes Sud à Arles et Histoire de l’œil à Marseille.
Sa cantine : Limmat à Marseille (41 rue Estelle, 13006 Marseille).