JULIA 1/2

Bibliothèque et liseuse – Julia Minkin, originaire de Chicago, vit depuis trois ans à Marseille. Elle s’excuse d’emblée : « Mes livres se trouvent encore à Chicago ». Seuls quelques ouvrages ont traversé l’atlantique et surtout Otto, son chat. « Otto, c’est ma famille en France ! » lâche-t-elle dans un sourire. Elle possède tout de même une petite bibliothèque dans sa chambre, son espace personnel. Elle partage en effet l’appartement avec un autre colocataire. Avant de visiter la chambre, coup d’œil par le balcon. « Je suis bien ici, toute cette lumière ! » En repassant devant la table basse, des dessins et des écrits attirent notre regard : « Ce sont des cadavres exquis que l’on réalise avec des amis ! »

Dans la bibliothèque, quelques livres essentiels, mais pas les dernières lectures. L’explication est simple : Julia utilise souvent une liseuse. « C’est tellement pratique pour lire en anglais. Je peux depuis ma liseuse emprunter des livres de la bibliothèque de Chicago. » Effectivement, c’est commode. Julia détaille les avantages de la liseuse : « C’est léger, idéal pour voyager et il y a un dictionnaire intégré. » Et surtout : « Avec la liseuse, tous les livres sont égaux : pas de couverture, pas de nombre de pages. On ne peut pas les juger au premier regard, se laisser décourager par un trop gros volume. Reste seulement le texte ! » Un inconvénient ? : « Oui, j’oublie davantage les livres que je lis sur la liseuse que ceux que je lis en papier. Et ce n’est absolument pas adapté pour lire de la poésie ! ».

Lectures – Julia lit beaucoup de poésie. Emily Dickinson, Sylvia Plath, Pablo Neruda. Maggie Nelson aussi, chez qui elle aime le mélange entre poème en prose et non fiction. Pour les romans, elle constate qu’il y a principalement des auteures : Virginia Woolf, Jane Austen, George Eliot – pour les classiques. Parmi les auteurs plus contemporains, elle a une affection particulière pour Jenifer Egan et lit en ce moment Gender Trouble de Judith Butler. « J’essaie de faire mon éducation féministe ». Une autre de ces dernières lectures : I love dick de Kris Kraus. « L’auteur explique que lire est plus satisfaisant que le sexe. Que cela donne ce que le sexe promet. C’est-à-dire de pouvoir rentrer dans les pensées et le cœur de quelqu’un. » Julia aime bien cette idée. Quand elle tombe sur une histoire qu’elle aime, elle garde l’auteur ou les personnages longtemps auprès d’elle. Comme après une étreinte.

Ecrire – On ne l’a pas dit, mais Julia est chanteuse dans le groupe indé Kid Francescoli. Pour le groupe, elle écrit – de la musique et des paroles. Pas assez régulièrement, regrette-t-elle. Les livres sont sa première source d’inspiration. « Sans les livres des autres, je ne serais pas une bonne auteure. » D’ailleurs, ouvrons une parenthèse : Julia revient sur une de ses dernières lectures Girl in a band de Kim Gordon, l’autobiographie d’une chanteuse. « Le contexte est complètement différent, mais je me suis beaucoup retrouvée quand elle parle de ce que c’est d’être une femme dans un groupe, et aussi sur scène. Ce que cela implique. » On imagine. Fermons la parenthèse, retour aux sources d’inspiration. Elle cite notamment Leonard Cohen. « Dans la pop musique, on dit que tout le monde se fiche des paroles. Chez Cohen, c’est tout le contraire. Chez lui, ce sont les mots avant le rythme. » Évidemment, on tombe d’accord sur Halleluja. Mais Julia nous recommande également You’d sing too, un texte dans lequel l’artiste explique pourquoi il chante. On promet de le lire.

 

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JULIA 1/2

Bookcase and Kindle – Julia Minkin is a singer and musician for the band Kid Francescoli. She is American, from Chicago, but has been living in Marseille for 3 years. “That’s why most of my books are still in Chicago,” she explains. Here Julia brought only a few books and Otto, her cat. He is my family here in France,” she smiles. Her small bookcase is in her bedroom, her room on her own in this flat that she shares with a flat mate. “I feel good here, there is light, sun and the balcony is like an opening on the world.” On the coffee table we notice some writings and drawings: “These are some exquisite corpses I made with friends!”

To read, Julia usually uses her Kindle, which is why we cannot find all her latest reading material on her bookcase. “It is very convenient to read in English. I can borrow eBooks from the public library of Chicago. It is light, ideal for traveling and there is a dictionary inside. And I like the fact that the books are equal to each other: no front cover, no difference in size. We can’t judge them at first glance. We can only judge the text.” Although there is a negative aspect: “I tend to forget the books I read on the Kindle. And it is not good for reading poetry.”

Readings – Indeed Julia likes to read poetry. Emily Dickinson, Sylvia Plath, Pablo Neruda or Maggie Nelson who mixes prose poetry and nonfiction. She also reads lot of novels, mainly written by women. It is not especially a categorical choice, but the result is here. Virginia Woolf, Jane Austen, George Eliot amongst the classic ones. Among more contemporary authors, she much admires Jennifer Egan and at the moment is reading Gender Trouble by Judith Butler. “I am trying to start my feminist education!” She also recently loved Girl in a Band by Kim Gordon, the autobiography of a female singer. “The context is totally different, but I still found myself in it, being a woman in a band and a woman on stage. What it means.” Julia suddenly remembers about another book she liked a lot recently: I Love Dick by Chris Kraus. “The author says that reading is more satisfying than sex. It gives what sex promises, which means to be able to enter someone else’s thoughts and heart.” And Julia sometimes agrees with that. When she reads something that she likes, she keeps the author or the characters in mind longer after having closed the book.

Writing – Julia writes as well. Music and lyrics. Not regularly enough, she regrets. And it is in her reading that she finds inspiration. “I would be such a bad writer without the influence of better writers.” Leonard Cohen is one of her sources of inspiration. “In pop music no one cares about lyrics. With Cohen, it is the opposite: lyrics prevail over the rhythm.” There is of course “Hallelujah”, amongst the most beautiful texts of Leonard Cohen, but Julia also recommends a little poem called You’d Sing Too”, in which the artist explains why he sings.

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