17 May PHILIPPE 2/2
QUELQUES LIVRES À EMPRUNTER À PHILIPPE :
Le nuage en pantalon de Vladimir Maïakovski, Le temps des cerises : Avec Le Nuage en pantalon (1914-1915), le futurisme, avec son pantalon de nuage annonciateur d’orages en blouse jaune tournesol, fait son entrée fracassante sur la place publique et la scène littéraire en Russie… Pour tout homme qui aime et qui espère, les paroles de Maïakovski restent gravées en lettres de feu dans la chair et le sang de ce siècle.
Le marteau sans maître de René Char, Gallimard : «Je pense que si je n’avais écrit que Le Marteau sans maître, on me situerait quelque part dans le surréalisme, ce qui serait inexact. Quand j’ai écrit Arsenal, je n’avais que dix-sept ans et je ne savais même pas que le surréalisme existait. […] J’ai toujours ignoré l’écriture automatique et tout ce que j’ai écrit était consciemment élaboré.» Publiée en 1990 dans l’ouvrage de Paul Veyne, cette déclaration de René Char résume son engagement pris dans un mouvement dont il ne fut que le «locataire» durant quelques années.
Le Marteau sans maître témoigne de cette proximité et de ce passage. Tous les poèmes ici regroupés par René Char, et dont il a plusieurs fois modifié les intitulés et l’ordre, proviennent de son fonds propre, c’est-à-dire de ce qui le singularise et confère à sa voix ce timbre irréductible qui n’appartient qu’à lui.
D’emblée, il y a, en dépit du titre qui suggère une énergie sans frein, une volonté de maîtrise, un repérage dans le champ du réel, et une façon d’être au monde sans faiblesse.
Sinatra a un rhume de Gay Talese, éditions du sous-sol : Sinatra enrhumé, c’est Picasso sans peinture ou Ferrari sans carburant – mais en pire. Car le plus ordinaire des rhumes prive Sinatra de ce joyau qu’aucune compagnie d’assurance n’est prête à assurer : sa voix. Ce rhume l’atteint au plus profond de lui-même, lui fait perdre toute confiance, et n’a pas seulement des conséquences sur son propre état psychologique. Il semble également avoir des prolongements psychosomatiques pour les dizaines de personnes dépendant de lui pour leur bien-être et leur stabilité parce qu’elles travaillent pour lui, boivent avec lui, l’aiment profondément ; toutes ont en ce moment la goutte au nez. À une moindre échelle, un Sinatra enrhumé peut faire trembler toute l’industrie du spectacle et plus encore, tout aussi sûrement qu’un président des États-Unis fera vaciller l’économie du pays en tombant brusquement malade. Considéré par Tom Wolfe comme le père du « Nouveau Journalisme » – ce type de reportage croisant les exigences du journalisme aux techniques de la fiction – Gay Talese maître dans l’art d’évoquer « le courant fictif qui coule sous le flux de la réalité », privilégie dans ses articles les histoires plutôt que l’événement et capte dans l’ombre l’esprit d’une époque.
Gouverner Marseille de Michel Samson et Michel Peraldi, La découverte : En un demi-siècle, Marseille a connu des bouleversements sociaux, économiques culturels et urbains majeurs. Dans ces tourmentes, et en contraste avec sa réputation de ville rebelle, renommée pour la violence de ses affrontements électoraux, Marseille n’a pourtant eu que trois maires (Defferre, Vigouroux, Gaudin), tous issus du même moule politique et social formé après la guerre par Gaston Defferre. Partant de cette énigme, Michel Peraldi et Michel Samson, spécialistes reconnus des mondes politiques marseillais, proposent dans ce livre magistral la synthèse d’années de travail de terrain et d’entretiens approfondis avec les responsables politiques locaux. Les auteurs mettent ainsi au jour les liens noués par ces derniers avec les autres acteurs du théâtre politique local : entrepreneurs et industriels liés au port ou au BTP, nouveaux spéculateurs de la movida immobilière marseillaise, représentants de l’État, supporteurs de l’OM, syndicalistes, leaders religieux et communautaires, artistes et voyous… Ils en tirent le constat que le récit politique ne s’écrit pas seulement dans les histoires internes au sérail, mais qu’il s’insère dans l’humus social et culturel de la ville, dont il révèle la complexité et les subtils équilibres. Un exercice rarement fait dans un pays où on a tendance à sacraliser le discours politique sans en rechercher la logique sociale.
Héro(s) de Claire Duport, Wild Project : Un abécédaire de la blanche. De “A pour amour” à “Z pour Za’ma”, une myriade d’histoires, qui nous plongent au coeur de l’héroïne. Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’héroïne – raconté par ceux qui l’ont vécue. Pourquoi l’appelle-t-on la reine des drogues ? Est-ce qu’on devient toujours accro ? Comment elle a été inventée ? Comment on vit avec ? … Un flash d’humanité. Des histoires de fêtes, de virées, de fêlures, de travail trop dur, de grand amour, de plaisir, de rires et de larmes, de solitude et de bandes. Qui, depuis Marseille, nous emmènent à Paris, Saint-Denis, Baltimore ou Katmandou, jusqu’aux routes du Liban et du Proche-Orient. Un concentré de mondes. Au carrefour de l’histoire des musiques, de la libération des moeurs, de la quête de soi, de la chimie, de la santé, de la géopolitique, c’est la société tout entière qui se donne à lire dans nos histoires d’héroïne.
A FEW BOOKS TO BORROW FROM PHILIPPE:
Frank Sinatra has a cold by Gay Talese : In the winter of 1965, writer Gay Talese arrived in Los Angeles with an assignment from Esquire to profile Frank Sinatra. The legendary singer was approaching fifty, under the weather, out of sorts, and unwilling to be interviewed. So Talese remained in L.A., hoping Sinatra might recover and reconsider, and he began talking to many of the people around Sinatra—his friends, his associates, his family, his countless hangers-on—and observing the man himself wherever he could. The result, “Frank Sinatra Has a Cold,” ran in April 1966 and became one of the most celebrated magazine stories ever published, a pioneering example of what came to be called New Journalism—a work of rigorously faithful fact enlivened with the kind of vivid storytelling that had previously been reserved for fiction. The piece conjures a deeply rich portrait of one of the era’s most guarded figures and tells a larger story about entertainment, celebrity, and America itself.
In Cold Blood by Truman Capote: On November 15, 1959, in the small town of Holcomb, Kansas, four members of the Clutter family were savagely murdered by blasts from a shotgun held a few inches from their faces. There was no apparent motive for the crime, and there were almost no clues. As Truman Capote reconstructs the murder and the investigation that led to the capture, trial, and execution of the killers, he generates both mesmerizing suspense and astonishing empathy. In Cold Blood is a work that transcends its moment, yielding poignant insights into the nature of American violence.
Leaves of Grass by Walt Whitman: When Walt Whitman self-published his Leaves of Grass in July 1855, he altered the course of literary history. One of the greatest masterpieces of American literature, it redefined the rules of poetry while describing the soul of the American character. Throughout his great career, Whitman continuously revised, expanded, and republished Leaves of Grass, but many critics believe that the book that matters most is the 1855 original.